Il était une fois une jeune girafe qui s’appelait Sophie. Elle vivait avec sa Maman Girafe, son Papa Girafe et ses cinq frères et sœurs. Sophie était parfois maladroite du fait de son jeune âge, et bien souvent, ses frères et sœurs se moquaient d’elle. Parfois, elle se vexait, mais elle tâchait de se rappeler les paroles de son Papa Girafe : « Laisse donc couler. Tu existes bien au-delà de ces mots ».
La famille de Sophie se déplaçait au fil des saisons et se nourrissait des feuilles des petits arbustes qu’elle trouvait en abondance. Mais un jour, il y eut une grande sécheresse, plusieurs incendies ravagèrent la savane, et la nourriture vint à manquer. La Maman Girafe, le Papa Girafe, Sophie et ses cinq frères et sœurs, tous maigrissaient à vue d’œil à force de ne pas manger à leur faim.
Une nuit, alors Sophie était restée éveillée, elle entendit la Maman Girafe pleurer auprès de Papa Girafe : «Si ça continue, lui dit-elle, nous allons tous mourir de faim avant que l’herbe n’ait eu le temps de repousser ». Ces mots glacèrent le cœur de Sophie. Non, elle ne laissera pas sa famille mourir de faim ! Et peu importe qu’elle soit la plus petite, la plus maladroite, la moins habile, elle va trouver une solution.
Le lendemain, elle alla se balader un peu à l’écart de ses frères et sœurs, afin d’avoir l’esprit au clair. Bien vite, elle se désespéra. Elle n’avait pas le début de la queue d’une idée. Au-dessus d’elle, les feuilles des arbres tout en haut semblaient la narguer (se moquer d’elle). « Si seulement je pouvais les atteindre… se dit-elle », et de rage de se sentir tellement impuissante, elle poussa fort sur son cou et Sloup ! , à son grand étonnement, il s’allongea.
Elle crut que son esprit lui jouait des tours, mais essaya de nouveau de pousser sur son cou et Sloup ! Il s’allongea de nouveau ! Elle en était sûre à présent, son cou s’allongeait sitôt qu’elle poussait. Elle était encore loin d’atteindre les feuilles des arbres, mais s’en rapprochait de plus en plus. Elle poussa encore et Sloup ! Elle n’était plus qu’à deux doigts ! Encore une fois, et Sloup ! Elle put atteindre les feuilles des arbres et s’en rassasier.
Dès qu’elle eût fini, elle courut vite, vite rejoindre sa famille. Elle dût, plusieurs fois, ralentir le pas tant son cou, long maintenant de plus de deux mètres, la déséquilibrait. Mais elle avait tellement hâte qu’aussitôt, elle reprenait sa course toute fatiguée.
Lorsqu’elle arriva auprès de sa famille, tout le monde fut tellement stupéfait que personne n’osa dire un mot. Encore essoufflée, Sophie raconta toute l’histoire. Chacun essaya ensuite de faire de même. Ils poussèrent bien fort sur leur cou et au bout de quelques instants, Sloup, Sloup, Sloup, les cous se rallongèrent et, Sloup, Sloup, Sloup, ils purent atteindre les feuilles des arbres et apaiser leur faim.
La nouvelle se propagea comme une traînée de poudre dans toute la savane. Partout, à l’est, à l’ouest, au nord, au sud -Sloup, Sloup, Sloup- les girafes se retrouvaient avec des cous immenses, et ainsi l’espèce put survivre à la terrible famine qui la guettait.
C’est depuis ce jour que les girafes sont munies de ces si longs cous qui s’étirent dans les airs et grâce auxquels elles tutoient les cimes des arbres.
Sarah Murmur