A LA UNE Conte

BANTA ET LA TORTUE QUI CHANTE

 

Il était une fois un chasseur nommé Banta qui était redouté dans la savane par tous les animaux. Tout animal qui passait à portée de sa lance pouvait se considérer comme mort, dépouillé et rôti. Banta faisait fi de l’ancienne croyance selon laquelle l’homme qui tue une femelle gravide (gestante) ou accompagnée de son petit périra lui-même sans descendance. Au demeurant, Banta était père de trois beaux enfants.

Chaque soir, il rentrait avec une gibecière pleine d’écureuils, de lièvres,   de pigeons,  et parfois il trainait un zèbre ou  une antilope. Il tuait plus que lui et les siens ne pouvaient manger, simplement pour le seul plaisir de tuer.

Réunion des animaux

Un jour les animaux de la brousse se réunirent sous un manguier pour tenir conseil.

– Il est temps de réagir et d’arrêter Banta  dans sa  folie meurtrière ! Mais qui osera affronter Banta le chasseur ?

Le lion baisse la tête, très intéressé tout à coup par une fourmi qui passe entre ses pattes. Le rhinocéros a justement un rendez-vous de la plus haute importance pour sa carrière et l’éléphant se sent bien faible. Il n’est pas le seul malade.

– Moi aussi j’ai dû attraper froid, dit le serpent.

En somme, nul n’est assez fou pour défier Banta le chasseur. Le carnage va continuer.

C’est à cet instant qu’une toute petite tortue se porta volontaire. Elle demande seulement aux autres animaux de rester cachés le lendemain, de ne quitter, sous aucun prétexte, gîtes,  terriers,  tanières.

 Banta bat les buissons avec un bâton, il soulève chaque pierre, puis il lève la tête et fixe éperdument le ciel vide. Jamais la savane n’avait été si calme. Pas un souffle de vie, pas un bruit d’aile. Pas un crocodile dans les marigots.

Bredouille, Banta revient avec …

 Le soir venu, bredouille pour la première fois, Banta se résigne à rentrer, le cœur empli de colère et d’amertume.

Tout à coup il entend les notes claires d’une kora ; puis un chant mélodieux qui semble venir des hautes herbes. Intrigué, Banta s’approche prudemment : c’est une toute petite tortue qui chante en pinçant avec allégresse les cordes de son instrument. Voilà qui amusera mes enfants, se dit Banta, et fera peut-être oublier l’insuccès de ma chasse. Et il fourre la tortue dans sa gibecière

– Tu ne ramènes donc pas de gibier ? S’écria son fils en le voyant entrer dans la cour de la concession.

– J’ai mieux, répondit Banta. Grâce à ma ruse et à mon adresse, j’ai capturé une tortue qui chante. Écoutez-la.

 

… Une tortue qui chante !

 Devant la famille et les voisins réunis, la tortue docilement se met à jouer de son instrument et à chanter.

– Je tiens avec cette tortue une belle occasion de briller devant le roi, pense Banta.

Le lendemain, il se présente au palais et demande audience.

– J’ai dressé cette petite tortue à chanter pour vous, noble roi.

– Reviens ce soir. Elle chantera devant la cour.

Et voici la cour rassemblée. Banta tient dans ses mains la tortue prodigieuse. Avec un sourire de triomphe, il l’installe sur un tabouret et pose la kora devant elle.

– Vas-y, chante.

Mais la tortue reste muette.

– Chante, allez !

Mais la tortue reste muette.

– Chante, allez !

Mais la tortue lentement replie sa tête et ses pattes dans sa carapace.

« Honte sur Banta ! », crie le roi qui n’apprécie guère que l’on se moque de lui. Il ordonne l’exécution de Banta. Une potence est dressée sur-le-champ.

C’est lorsque Banta commença à rendre l’âme que la tortue entonne un chant étrange et gai.

Ainsi furent  sauvés les animaux  de la savane de la cruauté de Banta.

Conte du Mali

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